A LA RECHERCHE DE LA GRAND-MERE PERDUE : faisons le point .

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Cette aventure a commencé en 1982 par une énigme à résoudre : ma mère cherchait à éclaircir le mystère qui entourait ses grands-parents paternels.

Mais reprenons l'histoire au début.

Mon grand-père Alphonse Agricol JARD est né à Beaune le 10 avril 1878, de Marie Michaud, 22 ans et Louis Claude Jard, 28 ans, Chapelier, mariés. Il a été élevé par son arrière-grand-mère Françoise Daligand dans la ferme de Montagrin à Toulon-sur-Arroux en Saône et Loire, en l'absence de ses parents.

Je n'avais encore jamais entamé de recherches généalogiques et je profitais des vacances d'été pour aller camper en famille dans cette belle région de Bourgogne.

Pendant que mon époux allait pêcher dans l'Arroux, je me rendis avec mes deux filles à la mairie de Toulon-sur-Arroux. Là, un employé très sympathique, passionné de généalogie, m'orienta dans mes recherches sur la famille Daligand.

Je découvris dans les registres d'état-civil que Françoise Daligand était née en 1805 à Charbonnat, fille de Jean Antoine Michon et Jeanne Fourier, elle épouse en 1825 Antoine Daligand, tonnelier et propriétaire.

Le couple s'installe à Toulon-sur-Arroux comme le prouve la naissance de 5 enfants dont 3 survivent.

En épluchant les tables décennales, je trouve que leur fille Jeanne Louise, née en 1829, épouse en 1848 un certain François Michaud, jardinier. Voilà qui me rapproche de la grand-mère fantôme.

De François Michaud et Jeanne Louise Daligand naissent, à Toulon, deux enfants : Françoise née et décédée en 1850 et Pierre né en 1851. Puis plus rien, plus de naissance, donc point de Marie, pas de mariage ni de décès. De toute évidence, la famille Michaud a quitté la commune.

Mais revenons à mon grand-père. Il vit donc chez son arrière-grand-mère qui malheureusement décède en 1895 à l'âge de 89 ans.

Alphonse a 17 ans.

La famille connaissant apparemment le lieu de résidence de sa mère, Alphonse est mis dans le train pour Paris....

 

La rencontre

Alphonse arrive à Paris. Sur le quai de la gare sa mère l'attend. Il ne l'a jamais vue. Elle s'approche et...lui donne une paire de claques ! Les présentations sont faites.

Mon grand-père n'a jamais voulu parler de cette période de sa vie. C'est ma mère qui l'interrogeait pour essayer d'en savoir plus mais c'était difficile.

Marie Michaud a vite fait de mettre son fils au travail : il est "calicot", c'est-à-dire commis dans le "Sentier", quartier parisien dédié aux marchands textiles en gros.

Sa mère faisant main basse sur son salaire, il quitte rapidement son domicile.

En 1898, il part faire son service militaire, incorporé à Auxonne sous le matricule 614, soldat de 2ème classe au 8ème escadron du train des équipages.

Un de ses camarades de régiment lui signale que, dans son village, un homme qui s'appelle Jard lui ressemble.

Un jour de permission, ils vont à Verdun-sur-le-Doubs et Alphonse rencontre son père pour la première fois.

Ce qui s'est passé alors nul ne le sait mais le père et le fils sont restés en bons termes jusqu'au décès du père.

En 1900, Alphonse passe brigadier et en 1901, Maréchal des Logis. Enfin, dans la réserve de l'armée active en 1902. Le certificat de bonne conduite lui est accordé.

Il s'installe au 15 de la rue Pascal à Paris 5ème puis l'année suivante au 14 de la rue Edouard Jacques dans le 14ème, puis au 16 avenue des Gobelins.

En 1904, au 74 quai de l'Hôtel de Ville puis au 44 quai des Célestins.

Il fait alors la connaissance d'une jeune couturière, Marthe Bogé qui a quitté son village de l'Aisne, Rozoy-sur-Serre pour venir s'installer dans la région parisienne, à Meulan, chez son oncle Eugène GRIMON. Elle avait épousé en 1900, à Hardricourt dans les Yvelines actuelles, Jules Lucien DEHERME, ferblantier. Devenue veuve, elle s’installe à Paris, quai des Célestins.

Marthe et Alphonse se marient le 29 août 1905 pour vivre au 21 rue du Pont Louis-Philippe.

Sur l’acte de mariage il est écrit :

« fils majeur de Louis Claude Jard, manœuvre à Verdun sur le Doubs, consentant….et de Marie Michaud son épouse absente….

…avec Marthe Bogé, couturière, 44 quai des Célestins…veuve de Jules Lucien Deherme…

le futur déclare que sa mère est absente et qu’il ignore le lieu de son dernier domicile.

Mais Marthe tombe gravement malade et fait promettre à sa soeur Eugénie de ne pas abandonner son mari si elle venait à mourir.

Marthe meurt le 13 mars 1908. Elle est inhumée au cimetière parisien de Bagneux.

Fidèle à sa promesse, Eugénie épouse Alphonse le 29 septembre 1908. Ils emménagent au 3 rue du Marché des Blancs Manteaux dans le Marais.

Alphonse est employé de commerce, Eugénie couturière. Nouveau déménagement pour le 23 rue Le Regrattier dans l’île Saint-Louis.

La vie aurait pu être si belle.....

Alphonse est mobilisé le 2 août 1914.Je ne connais pas grand chose sur cette période mais lorsque j'étais petite fille ( j'avais 7 ans quand mon grand-père est décédé) il me disait souvent : "Verdun, c'était terrible."

De 1917 à 1919 il fait partie des "Poilus d'Orient" et obtient en 1920 une décoration du Roi Alexandre 1ier de Yougoslavie ainsi que la médaille commémorative d'Orient en 1927.

Ma mère née en 1917.

Une fois Alphonse démobilisé, il est employé au BHV comme chef du rayon bagages.

Ma mère m’a parlé d'une dame âgée venue un soir à leur domicile. C'était Marie Michaud qui voulait que son fils la prenne en charge. Il l'a laissée à la porte.

Raymonde va à l’école de la rue Poulettier où enseigne Madame Bled, (son mari étant à l’école de garçons de la rue Saint-Louis en l’île, célèbres créateurs des livres de grammaire et d’orthographe).

En 1919, la famille déménage pour Rozoy-sur-Serre où mon grand-père se remettait de ses blessures de guerre. Puis ils s’installent à Reims..

 

Pendant plus de 20 ans j'ai fait des recherches pour retrouver Marie Michaud et Louis Jard, leur histoire, leurs parcours et je n’ai pas encore trouvé la réponse à toutes mes interrogations....

 

Les recherches

Faisons maintenant le point sur les recherches, le but étant de trouver toutes les informations possibles sur Marie Michaud et Louis Claude Jard.

Je dois retrouver leur naissance et leur mariage. Mon grand-père Alphonse étant né à Beaune, je commence par chercher dans l'état-civil de cette commune mais je ne trouve rien.

Mon grand-père disait que sa famille paternelle venait d'Avignon. Il y a là-bas une église Saint-Agricol ce qui expliquerait son deuxième prénom ! Mais l'état civil n'est pas numérisé seulement microfilmé par les Mormons, il faut donc aller sur place.

Nous voici donc partis pour Avignon profitant de vacances de Pâques. Les archives étant conservées au Palais des Papes, nous joignons le plaisir du tourisme à celui de la recherche.

Je retrouve facilement la naissance de Louis Claude le 28 août 1850, fils d'Agricol Antoine Jard et de Catherine Rose Moulard mariés en 1846. Leur âge sur l'acte de mariage m'indique leur année de naissance, j'y trouve aussi le nom de leurs parents. Ainsi je remonte de génération en génération : Gaspard Pascal Jard et Jeanne Louise Cornillia, Claude Jard et Magdeleine Charpoux nés par contre à Bédarrides mais mariés à Avignon.

Les recherches vont donc s'arrêter là puisque seules les archives communales d'Avignon sont microfilmées.

Nous en profitons pour rechercher les décès puis je complète mon tableau par les frères et soeurs. Jard étant un nom très rare dans cette région, tous ceux que je trouve appartiennent à la même famille.

Fait intéressant : ils sont tous ouvriers en soie, sans autre précision. Gaspard sera à la fin de sa vie sacristain des Pénitents Blancs tout comme son beau-frère Cornillia qui porte les charmants prénoms de Esprit Agricol ! Son beau-père Simon Cornillia, fabricant d'étoffes sera aussi concierge de l'église Saint-Didier.

Une petite visite sur les lieux s'impose ainsi que dans les rues St Marc et Piot (adresses que je trouve dans les actes de mariage) mais le centre d'Avignon a été rénové et les maisons de l'époque n'existent plus.

Depuis ces recherches, les Archives Départementales ont numérisé leur état-civil. Certains département ont même ajouté les recensements, le cadastre napoléonien et les registres de conscription.

J'ai pu donc de chez moi explorer les registres de Bédarrides et y trouver la naissance d'Antoine Jard en 1668, rien au-delà.

Abandonnant provisoirement les Jard, je retourne vers les Michaud (nom des plus courants en Bourgogne).

A cette époque la Saône et Loire vient juste de mettre ses archives en ligne....

 

L'aiguille dans la botte de foin

Alphonse étant né à Beaune, je suppose que les Michaud ont pu s'installer en Côte d'Or.

Ce département comportant 706 communes commençons par Beaune. Je n'y trouve que le mariage de Thérèse Louise Jard, soeur de Louis Claude, en 1873 avec Charles Debourdeau, charcutier.

Je consulte alors une carte routière pour y délimiter une zone possible entre Toulon sur Arroux et Beaune.

François Michaud étant jardinier, il a peut-être trouvé un emploi dans une ferme ou une propriété viticole. A tout hasard, j'explore l'état-civil de Nuits-St-Georges, Savigny les Beaune, Pommard, Meursault....rien.

Je retourne alors vers la Saône et Loire car sur la route entre Toulon et Beaune il y a deux villes intéressantes : Montceau-les-Mines et Le Creusot, deux villes du bassin minier à grande expansion économique et industrielle. Montceau passe de 2200 habitants en 1856 à 13100 en 1881. Le Creusot passe de 6000 habitants à 28200 pour ces mêmes périodes. La famille Schneider y a installé ses aciéries.

Les recherches commencent à Montceau-les-Mines : mauvaise pioche. Pas de Jard et les Michaud que j'y trouve ne sont pas les miens.

Mais, dans les tables décennales des mariages du Creusot, je trouve, oh joie..., le 3 juillet 1877 le mariage de Louis Claude Jard et Marie Michaud !

28 ans se sont écoulés depuis mes premières recherches !!!

La preuve est maintenant faite : ne jamais baisser les bras.

3 juillet 1877 : mariage de Marie Michaud et Louis Claude Jard au Creusot.

Que m'apprend cet acte de mariage ?

- Marie est née le 26 novembre 1856 à Montcenis, petit village de 1500 habitants, proche du Creusot , à peine à 30 km de Toulon-sur-Arroux.

- sa mère Jeanne Louise est décédée en 1870.

- elle habite avec son père 7 rue de l'église au Creusot.

- les témoins du mariage sont Claude Jard oncle du marié, né en 1823, bijoutier à Marseille et Pierre Michaud, frère de la mariée, né en 1851, marchand.

- Louis Claude Jard est né à Avignon le 27 août 1850, chapelier, exempté du service militaire. Le reste de l'état civil, je le connais déjà.

- un contrat de mariage a été établi chez Me Devoucoux, notaire au Creusot.

- le mari signe Louis Jard et la mariée Marie Michaud, d'une belle écriture.

Je suis certaine que ce contrat de mariage va m'apporter des renseignements intéressants sur le niveau social des familles, le montant de la dot, etc....

Je consulte le site de la chambre des notaires pour savoir qui a pris la succession de Me Devoucoux. Un coup de fil à l'étude nouvelle m'apprend que toutes les archives ont été versées aux Archives Départementales.

Heureusement, j'ai un merveilleux ami à Dijon qui se propose d'aller chercher sur place. Le voilà parti à Chalon sur Saône pour retrouver ce contrat de mariage. Il manque, dans les archives déposées par l'étude de Me Devoucoux, 10 ans de documents . Vous devinez la suite : celui que je cherche est dedans !

Je retéléphone à l'étude pour savoir si, dans leur cave ou leur grenier, il n'y aurait pas un vieux carton qui traîne. Apparemment non. Je reste sur ma faim !

Connaissant maintenant le lieu de naissance de Marie, je recherche l’acte.

Je vérifie d'abord dans les tables décennales : elle y est. Née le 26 novembre 1856.

Je consulte alors le registre de l'année 1856, septembre, octobre, novembre.....le registre s'arrête au 15 novembre, la dernière page a disparu !

Mon ami dijonnais retourne aux archives car seul un registre sur les 2 exemplaires existants est numérisé.

Après avoir expliqué le problème, vérifié avec l'archiviste la véracité des faits, une photo de l'acte est faite. Enfin !

Il va me falloir maintenant essayer de retracer le parcours de la famille Michaud.

Les registres de recensements de la population, apportent de nombreuses informations.

- en 1851 François Michaud et Jeanne Louise Daligand habitent dans la ferme de Montagrin avec leur fils Pierre, 1 an. François est jardinier.

- en 1856, ils habitent à Montcenis, 1 rue de l'église. François est voiturier c'est-à-dire transporteur de matériaux dans une charrette à chevaux. 2 enfants : Pierre et Marie.

- en 1861, on les retrouve 18 rue de l'église. François est marchand.

- en 1872, ils habitent au Creusot, 15 rue de l'église (la maison a aujourd'hui disparu). François est marchand fruitier. Un autre enfant est né, Claude, en 1867.

Je voudrais maintenant savoir à quel moment mon grand-père a été confié à son arrière- grand-mère.

Je recherche l'acte de baptême sur lequel on lit :

le 1ier mai 1878 a été baptisé Alphonse Jean Baptiste (!) fils légitime de Alphonse Agricol Jard (!) et Marie Michaud son épouse.

Les parrain et marraine sont des voisins commerçants ne sachant pas signer.

Curieux ces changements de prénoms ! je rappelle que mon grand-père s'appelle Alphonse Agricol et son père Louis Claude.

Dans le recensement de 1891 à Beaune il n'y a plus de Jard. Louis et ses parents vivent maintenant à Verdun-sur-le-Doubs. On les y retrouve dans les recensements de 1891, 1896, 1901 et 1906 à différentes adresses.

En 1909, le père, Agricol Antoine décède, en 1911 c'est le tour de Catherine Moulard.

J'ai une photo de Louis (indiqué par une petite croix) pendant la guerre 1914-1918 à l'Hospice de Verdun sur le Doubs.

Je n'y ai jamais trouvé trace de son décès !

Le frère de Marie, Claude né en 1867 est "monté à Paris" et s'y est marié en 1899, comme il est indiqué en marge de son acte de naissance. C'est peut-être chez lui que Marie s'est réfugiée car nous avons découvert qu'elle avait demandé une séparation de corps le 20 décembre 1878 (le divorce supprimé depuis 1816 par la loi Bonald n'a été rétabli qu'en 1884, il était considéré comme un poison révolutionnaire), soit 8 mois après la naissance de son fils .

Vous en savez autant que moi maintenant.

Les questions que je me pose encore :

- pour quelle raison la famille Jard a fait le voyage d'Avignon à Beaune ?

- comment Marie et Louis se sont-ils rencontrés et pourquoi se sont-ils mariés ?

- Qu'est devenue Marie à la fin de sa vie ?

Retrouver les traces d'une femme à Paris est un vrai parcours du combattant : pas de listes électorales ni de conscription, pas de recensement avant 1926.

Ah, j'oubliais de vous dire au sujet de la séparation de corps : j'ai le numéro du dossier mais celui-ci a disparu...

Le fait d'avoir mis mon arbre en ligne sur Géneanet m'a permis d'être contactée par deux cousins dont j'ignorais l'existence, descendants comme moi de Françoise Daligand .

j'ai ainsi retrouvé Irene Daligand, une cousine argentine dont le grand-père avait émigré en 1886 et avec qui je communique régulièrement sur Facebook.

 

 

Quand l'obstination démolit la légende....

Il y a 32 ans, je débutais les recherches généalogiques pour retrouver Marie MICHAUD.

 Depuis quelques mois, les tables décennales et annuelles de l’Etat Civil parisien sont mises en ligne jusqu’en 1974.

Cette nouvelle m’a immédiatement réjoui car je pensais qu’elle allait me permettre de retrouver le décès de cette grand-mère qui m’avait déjà donné tant de fil à retordre !

Après avoir méticuleusement dépouillé toutes ces tables, je trouvais plusieurs Marie Michaud dans quelques arrondissements entre 1902 et 1950. Certaines n’avaient qu’un seul prénom, d’autres en avaient deux. La mienne n’en avait qu’un mais comme elle avait plutôt cherché à se faire oublier, elle aurait pu en déclarer un autre !

Je débutais donc ma recherche en 1912.

Ma mère m’avait raconté que Marie Michaud était venue harceler son fils rue Le Regrattier et qu’il l’avait mise à la porte. L’avait-elle vue ou lui avait-on rapporté ? Elle était une toute petite fille à cette époque.

Mes grands-parents ont habité cet endroit de 1913 à 1925. Ensuite ils sont partis dans l’Aisne.

Je sélectionnais quelques Marie Michaud et demandais aux mairies d’arrondissement les actes de décès choisis. Aucun ne correspondait à mon personnage.

Un peu lasse, je repris les archives en ligne de Saône et Loire et découvris de nouveaux documents : les tables de successions et absences.

Je recherchais donc une trace du mari, Louis Claude Jard, car je n’avais jamais trouvé son décès. Je trouvais facilement son nom et les renseignements suivants : décès le 1è mars 1930 à l’hospice de Mâcon. Succession sans actifs.

Réconfortée par ce succès, je recherchais ensuite les membres de la famille dont j’ignorais la date du décès. C’est ainsi que je découvrais, dans les tables de successions, le décès du père de Marie que je cherchais au Creusot où il vivait mais qui était mort à Paris en 1891. Son fils Claude (qui habitait Paris) refusait la succession. On ne parlait pas de sa fille Marie.

Ravie des trouvailles de la journée, je faisais un peu de tri dans les documents imprimés quand je tombais sur la photocopie du registre matricule de mon grand-père. Il faisait partie de la classe 1898.

Il était écrit qu’il habitait Verdun sur le Doubs. Tirage au sort dans ce canton.

J’ai toujours entendu dire que mon grand-père n’avait retrouvé son père que pendant son service militaire effectué à Auxonne, donc après le tirage au sort.

Louis Claude Jard habitait Beaune jusque 1890.

Première incohérence. Pourquoi alors Verdun sur le Doubs. Il devait donc connaître son père.

Je croyais Alphonse à Paris à cette époque. Effectivement il est noté absent au conseil de révision.

Si on avait menti sur le père pourquoi pas sur la mère ?

Une intuition me fit éplucher les tables décennales parisiennes précédentes : la décennie 1893-1902. Je trouvais bien une Marie Michaud dans le 1ier arrondissement en 1900.

Me reportant au registre de l’année, voici ce que je lu :

« …..acte de décès de Marie Michaud, âgée de 45 ans environ née à (lieu inconnu), domiciliée rue de la Michodière 8, décédée le vingt et un août courant à huit heures et demi du soir, rue de Rivoli, en allant à l’Hôtel-Dieu et transportée à son domicile, fille de père et mère dont les noms ne sont pas connus, sans autres renseignements, dressé par nous…. ». Elle sera inhumée dans le carré des Indigents au cimetière parisien de Bagneux.

Quelques réflexions :

- il n'est pas fait mention d'un nom d'époux

- pourquoi aller à l'Hôtel-Dieu à 8h30 du soir si ce n'est pour une urgence ?

- ses deux frères sont morts à 36 ans , réformés pour "faiblesse du coeur".

- de la rue de la Michodière à l'Hôtel-Dieu en passant par la rue de Rivoli, il faut marcher environ 45 mn.

- elle s'y rendait à pied (pas de métro à l'époque), sûrement pas les moyens de payer un fiacre.

- le 8 de la rue de la Michodière est un superbe immeuble Haussmannien, elle ne pouvait y être que domestique.

  • mon grand-père connaissait de nombreux airs d'opéras, ayant fait "la claque" à l’Opéra Comique, tout proche.
  • . Peut-être a-t-il vécu là avec sa mère...

- en 1900 Alphonse faisait son service militaire.

Est-ce la bonne Marie Michaud ?

Qui a parlé de cette mère venant réclamer l’aide de son fils ?

Est-ce Alphonse, pour qu’on ne lui pose plus de questions ? il ne savait donc pas qu’elle était décédée.

L’acte de décès de Louis Claude Jard mentionne qu’il était veuf.

Marie Michaud avait demandé la séparation de corps en 1879.

Lorsque le divorce a été rétabli en 1884, on avait la possibilité de convertir la séparation en divorce sur la demande d’un des époux.

Le 26/12/1884, une conversion a bien été demandée par Marie. Le jugement est rendu en 1885. Marie Michaud est dite résidant à Beaune en 1885.

Reprenons les zones d’ombre :

- Alphonse est confié à son arrière-grand-mère Françoise Daligand, à sa naissance. Ils vivent dans la ferme de Montagrin à Toulon-sur-Arroux.

- Alphonse passe son certificat d'études. Il est reçu 1ier du canton, il doit avoir 14 ans. Que fait-il ensuite ? Apprentissage . où ? travaille-t-il à la ferme ?

- Lorsque Françoise Daligand décède il a 17 ans. Où va-t-il ?

- On l'envoie rejoindre sa mère à Paris mais est-il allé quelques jours ou semaines chez son père, le temps d'organiser son départ ?

Mystère !

L’Aventure n’est donc pas terminée…

 

 

 

 

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